En milieu de travail – Plus d’une entreprise ignore ce que le mot «formation» recouvre

Dans les grandes comme dans les petites entreprises, de plus en plus, on offre aux employés la possibilité de poursuivre leur formation. Quand cela peut se faire sur place, c’est encore mieux. Mais de quoi est-il question au juste quand on parle de formation en milieu de travail ?

S’il y a formation en milieu de travail, l’employeur y trouve son compte et l’employé aussi. Tout le monde gagne à participer à la formation continue. ACCEO Solutions est une entreprise de technologie de l’information qui compte près de 1000 employés répartis en plusieurs bureaux. Chantal Hains est conseillère en formation pour la compagnie et elle est à même de savoir à quel point former ses employés peut être un véritable avantage pour une entreprise : « Ça nous permet de nous distinguer sur un marché global et compétitif », explique Mme Hains.

La particularité d’ACCEO Solutions, c’est que l’entreprise a grandi par acquisitions. Les gens travaillent en silo dans leur propre secteur d’activités. On y compte plus de 500 techniciens et analystes, et leur moyenne d’âge est de plus de 40 ans. Parfois, ceux-ci travaillaient avec des technologies désuètes et l’entreprise a eu à reformer ces gens-là pour ne pas les perdre. Avec la collaboration d’Emploi-Québec, Chantal Hains organise des projets de formation : « On est allés chercher des programmes de subvention pour nous aider, pour éviter les pertes d’emploi et pour mobiliser et mettre à jour nos employés plus âgés pour améliorer l’efficacité de notre main-d’oeuvre », nous dit Chantal Hains.

Pour elle, la formation en milieu de travail, c’est aussi une reconnaissance de compétences, puisque l’expérience et le savoir des employés participent au transfert des connaissances. Chez ACCEO Solutions, on devait trouver des moyens de former les gens pour répondre aux enjeux de l’organisation et également pour répondre à leur besoin de se développer dans leurs compétences. « Ici, chez ACCEO, on a réalisé qu’avec une stratégie de formation bien pensée à travers nos différents secteurs d’activités, on est beaucoup plus efficace et nos gens sont davantage mobilisés. On a évité des mises à pied, on a développé le potentiel de chaque individu et on a aussi contribué au rayonnement de notre entreprise. »

Ailleurs dans les entreprises

Parallèlement à son travail chez ACCEO Solutions, Chantal Hains travaille comme consultante auprès de diverses entreprises. La spécialité de Chantal Hains, c’est la loi du 1 %, celle qui oblige les entreprises à former les employés en utilisant 1 % de leur masse salariale. « Oui, la loi a fait en sorte d’augmenter la formation en entreprise, mais pas partout. Il y a beaucoup d’information à transmettre, parce que souvent, les entreprises ne savent pas vraiment ce qu’est la formation », raconte Mme Hains.

Toujours selon Chantal Hains, les entreprises qui possèdent une masse salariale d’environ 2 à 8 millions n’ont souvent qu’une ou deux personnes aux ressources humaines. Et ces personnes sont débordées et n’ont pas toujours le temps de décortiquer les dossiers de formation. Au cours de la dernière année, Chantal Hains a fait le tour du Québec comme représentante de ACCEO Solutions, en collaboration avec la Commission des partenaires du marché du travail, Emploi-Québec et le Conseil du patronat, pour faire la promotion de la formation. « Nous avons fait plus de 26 conférences et on a rencontré plus de 250 entreprises pour faire la promotion du certificat de qualité des initiatives de formation », rappelle la conseillère.

Ce certificat, dans la lignée de la loi du 1 %, est une exemption de trois ans qui permet aux entreprises de se concentrer sur la qualification de la formation et non sur l’aspect administratif de la loi. « Avec ce certificat, on peut gérer la formation et on n’a plus à se soucier du 1 % de la masse salariale. Comme avant, on doit documenter la formation, mais il n’y a plus de chiffres à donner à Emploi-Québec », résume Chantal Hains.

Emploi-Québec statue

Emploi-Québec stipule qu’une entreprise qui veut profiter de cette exemption doit avoir fait ses preuves. Elle s’engage dans la mise en oeuvre et l’application d’un processus de développement continu des compétences, à une analyse de sa situation sur le plan du développement des compétences et à l’identification de ses besoins de formation. Si on met l’accent sur la promotion de ce certificat, c’est que malheureusement, il n’y a pas autant d’entreprises qui y participent. Comme quoi il faut encore faire la preuve de l’importance de la formation… mais il est aussi nécessaire pour les entreprises de bien saisir ce qu’est la formation en entreprise.

« Souvent, les entreprises oublient ce que sont les activités de formation et s’imaginent que ce n’est qu’inscrire des employés à un cours », rappelle Mme Hains. Aujourd’hui, Revenu Québec a la possibilité de faire cotiser une entreprise qui n’aurait pas appliqué le montant du 1 % de sa masse salariale à la formation. Pourtant, ce qu’on semble rencontrer le plus souvent, ce sont des dossiers mal montés.

Mme Hains rappelle que l’intégration des nouveaux employés représente plusieurs heures de formation ainsi que la gestion de la relève et du transfert des connaissances. Toutes les mises à niveau nécessaires constituent à elles seules une large part de la formation en milieu de travail. Un autre exemple est celui de l’employé qui possède un vaste bagage de connaissances techniques et qui est appelé à dorénavant diriger des employés, mais qui n’a pas de connaissances en gestion de personnel. Cet employé pourra bénéficier d’activités de mentorat de la part d’un collègue.

Comme le constate chaque jour Chantal Hains, tout n’est pas encore gagné même si de grands pas se font : « La majorité des grandes entreprises sont bien structurées, il y a aussi de plus petites entreprises qui ont fait le pari de la formation. Les entreprises qui fonctionnent bien sont celles qui sont préparées et conscientisées, et qui prennent un engagement, se responsabilisent et veulent motiver les gens. »

Marie-Hélène Alarie – Le Devoir