Everything you know is wrong

Everything your know is wrong

C’est le titre d’un des ateliers que devait animer Bill Boorman à la dernière édition de TruMontréal. Il n’a pas pu être présent cette année. Son acolyte Aki Kakko, qui dû improviser l’atelier à sa place, nous a donc renvoyé la question.

Bill avait sûrement une idée précise en tête. Nous avons plutôt passé cette heure à essayer de deviner ce qu’il aurait voulu nous dire et à discuter sur ce que nous croyions faire de mal. Quelques semaines plus tard, en écrivant un compte rendu de cette journée, j’ai réfléchi à cet atelier et à cette question.

La question n’était pas « Everything you do is wrong », mais plutôt « Everything you know is wrong ».

Si, effectivement, nous faisions fausse route?

Le métier de recruteur a évolué. Nos outils de travail actuels sont : email, Facebook, LinkedIn, Twitter, céduleurs, ATS, rapports RH, rapports recrutement.

Notre quotidien consiste maintenant à créer l’annonce ou la vidéo la plus accrocheuse, qu’elle rejoigne une audience parfaitement ciblée, qu’on obtienne le plus de clics, qu’on mesure de façon efficace le rendement, les sources, pour s’adapter et rejoindre le plus de candidats qualifiés possibles.

Nous suivons d’excellentes formations sur la marque employeur, l’utilisation des outils, le branding recruteur. Nous optimisions nos processus, standardisons des approches gagnantes.

Le succès est dans le Big Data. L’équipe qui analysera le mieux ses nombreuses données obtiendra un meilleur taux de conversion, de meilleurs candidats, de meilleurs employés.

Je suis moi-même la première convaincue de l’utilité de ces outils, je les utilise, je suis ces formations, j’échange avec plaisir sur ce sujet avec mes homologues.

Et si nous oubliions quelque chose?

L’an dernier, Bill nous a dit : « Ce sont des comptables qui recrutent des comptables. Pas des recruteurs ».

Et si c’étaient des candidats qui recrutaient des candidats?

La nature de notre métier fait que nous pensons, agissons comme un recruteur.

Si nous prenions quelques minutes pour nous mettre à la place du candidat? En tant que candidat passif, mais aussi en tant que candidat en recherche d’emploi depuis plusieurs semaines ou mois.

J’ai fait l’exercice.

En tant que candidate je voudrais parler à quelqu’un. Je voudrais avoir un suivi sur ma candidature. Je voudrais recevoir un appel suite à une entrevue. Je voudrais sentir que le recruteur s’intéresse à moi, me traite comme une personne importante, me remercie du temps accordé à son entreprise et me donne l’impression que ma candidature, retenue ou non, est importante pour l’entreprise.

Je voudrais qu’il me partage ses trucs, qu’il me donne du feedback sur mon entrevue, qu’il me dise honnêtement comment je peux m’améliorer.

Pourquoi ai-je choisi de travailler chez mon employeur actuel? Les produits que nous développons m’intéressent, mais c’est surtout à cause de la façon dont j’ai été traitée lors du processus d’embauche.

Si je demande à mes collègues, ils me répondent la même chose.

Les outils technologiques disponibles sont effectivement d’une grande utilité dans un monde de recrutement compétitif. Une marque employeur forte attirera un grand bassin de candidats potentiels.

Mais si, au lieu d’investir encore plus en programmes de marque et en outils, on se gardait quelques minutes par jour pour prendre le téléphone et discuter avec nos candidats?

Si on pensait comme un candidat?

Everything you know is wrong…. C’était peut-être ça, au fond, le message de Bill.

Marie-Eve Bernard – lasourcehumaine